Boulbar - Motor Hotel
Musique / Critique - écrit par nazonfly, le 08/03/2012 (Tags : boulbar album audio musique hotel motor eur
Après son Requiem pour un champion remarqué en 2009, Boulbar revient en ce début d'année avec un nouvel opus, Motor hotel. Un album qui se lance dans la traversée des USA de New-York à San Franscisco en forme d'hommage aux road movies et à la fameuse route de Jack Kerouac. Une main sur le volant, un bras à la fenêtre et la route qui défile, Boulbar nous entraîne dans son sillage pour un étrange projet : traverser les USA sans plan de route avec comme seule contrainte, d'enregistrer et d'écrire des chansons sur cette fameuse route.
Sirènes de police...
Comme dans Requiem pour un champion, on sent que Boulbar est un fan de
Le fameux Motel 79 (hum)cinéma américain et qu'il a été bercé par toute une mythologie visuelle. On n'est donc pas franchement étonnés de ressentir parfaitement l'atmosphère de New York, 6 heures du matin. Des sirènes de police résonnent au loin et l'on est directement plongés dans une chambre d'hôtel miteuse, une enseigne rouge clignotant peut-être sous une pluie froide tandis qu'un taxi jaune passe dans la rue d'à côté. Bien sûr, c'est surtout l'ambiance qui l'emporte sur la musique simple de ce premier titre. Car nous avons, nous aussi, baigné dans cette même culture voguant d'hôtel en môtel. C'est donc avec un certain plaisir que nous empruntons la même route que Boulbar. Après la pluvieuse et triste New-York, le voyage commence dans l'excitation avec Burnsville qui se révèle largement plus mouvementée que New-York, 6 heures du matin. Même si l'auteur décrit ce titre comme plutôt sombre avec une ambiance à la Russel Banks sur son carnet de voyage, on ne ressent pas forcément cet aspect-là. Au contraire, c'est plus l'excitation du voyage, du départ qui ressort, la faute à une guitare impatiente et un « Welcome to Burnsville » qui sonne comme un signal de départ.
... et vieux dégueulasse
Les road trips sont tous différents les uns des autres : on peut appuyer sur le
La route, la route, rien que la routechampignon et sentir le moteur vrombir, on peut au contraire profiter, laisser le temps au temps. De toute évidence, Boulbar a choisi la deuxième voie : le sentiment principal ressenti à l'écoute de Motor Hotel est une nonchalance volontaire, une volonté de découvrir les gens et les paysages certes à la vitesse d'une voiture. Les motels s'égrennent sur la route tous semblables, tous différents mais toujours dans une langueur moite avec le bruit d'un ventilateur brassant l'air. De Blanding dans l'Utah (D'autres heures) à San Francisco (Dernier jour à San Francisco qui marque la fin du voyage), c'est toute l'Amérique qui se dévoile, plus particulièrement les terres du Nevada et de l'Arizona que celles du Midwest. De vent et de poussière ou Desert Motel expriment la solitude de ces routes désertes au milieu de paysages trop grands pour l'homme. Mais c'est apparemment Las Vegas et Garden City (ville dans laquelle Truman Capote passa plusieurs jours pour suivre une enquête policière et écrire De sang froid) qui ont marqué Boulbar. Deux exemples du côté sombre des États-Unis entre violence, prostitution et jeux d'argent, un côté sombre qui a été bien décrit par Bukowski qui est le personne principal de J'aime Bukowski, indéniablement le titre le plus réussi de l'album. Rien de tel qu'un vieux dégueulasse alcoolique et libidineux pour servir de terreau à l'inspiration !
Avec Motor Hotel, Boulbar montre toujours un talent certain pour décrire musicalement des ambiances cinématographiques : chaque titre nous amène une multitude d'images d'une Amérique peut-être un peu fantasmée (la différence entre l'album et le blog de voyage est d'ailleurs assez notable). Même si son précédent album réussissait encore mieux de rendre ces ambiances.
Boulbar – Motor hotel
01. New York, 6 heures du matin
02. Burnsville
03. Motor Hotel
04. D'autres heures
05. De paquebots en épaves
06. Je cherche ta voix
07. J'aime Bukowski
08. De vent et de poussière
09. Desert Motel
10. Help me
11. Joe
12. Dernier jour à San Francisco
En écoute, Dernier jour à San Francisco