9/10Booba - Panthéon

/ Critique - écrit par Toma, le 20/11/2004
Notre verdict : 9/10 - Booba - Panthéon (Fiche technique)

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Si c'était « bandant d'être en indépendant » pour Temps morts, c'est « inédit, Panthéon débarque chez Eddy Barclay ». Le salaire doit être plus adapté à un « amateur d'voiture allemande ». Heureusement l'album ne perd rien en authenticité par rapport au précédent. La rage est la même, l'envie de tout défoncer également. Booba se confirme plus encore comme rappeur hors pair qui sait placer avec une parfaite diction des rimes cinglantes voire sanglantes. Plus proche de la violence que d'une morale à la Kery James, mais finalement tellement plus proche de la réalité, le rappeur du 9.2 nous crache son venin avec une franchise si déconcertante que l'on lui pardonne la violence de ces textes. Il aborde de nombreux thèmes, habituels dans le rap me direz-vous, comme la prison, le rap, les filles ou encore le fric mais il le fait ici en giclant tous les tabous que l'on connaît au rap. Si il s'agit de sa vérité, parfois et même souvent choquante, il l'assume entièrement tout comme il assume parfaitement son ego démesuré.

Il est même étonnant finalement de voir Booba à la tête des ventes de rap/ R&B en France tant son style hardcore, est loin des actuels niaiseries nasillardes qui dominent les charts.
Bref vous l'aurez compris Booba n'est pas ici pour nous faire rire. Dès le premier titre, qui fait office d'intro, Booba nous annonce clairement qu'il se veut différent et même supérieur à tous « ces connard d'MC en stage » du hip hop tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Nous retiendrons de cet album le parfait Commis d'office avec ses métaphores percutantes ainsi que les titres R.A.P et La faucheuse pour leurs textes saisissants.
Cependant tous les titres sans exceptions méritent une écoute attentive afin d'apprécier à la fois le sens des textes et l'aisance avec laquelle Booba manipule les mots et les rimes.

Quant aux fonds sonores, ils sont toujours originaux même si ils perdent un peu de leur virilité par rapport à l'album précédent. Musicalement cet album est moins sombre et même moins mélodique que Temps morts ce qui serait, à mon goût, le seul point regretable de ce « Panthéon ».

Son « j'm'en fout d'y passer s'y m'reste quelques millions d'euros à t'nir » (N°10)de Booba nous fait d'ailleurs fortement penser à l'album Get rich or die tryin de Fifty Cent d'autant plus lorsque l'on sait Booba faisait la première partie du rappeur américain à Bercy le 25 août dernier. Si, de la même façon que 50 Cent, Booba annonce clairement qu'il veut encaisser un maximum de blé et traîner avec les plus « bitchs » des chiennes du 9.2, il le fait d'une toute autre manière. Son style est beaucoup plus noir et beaucoup plus violent en particulier pour un public français moins choqué par un « fuck » qu'un « j'tencule » bien français.

Alors oui Panthéon est emplie d'insultes, de haine, et de matérialisme. Oui Booba est une racaille de la pure espèce pour qui l'on ne peut plus rien faire et qui « n'a pas besoin d'un psy mais d'un avocat ». Mais à aucun moment il cherche à nous imposer ses idées. Il s'impose tout simplement. Alors, Booba, on déteste ou on admire. A l'image de ces textes aucune nuance n'est possible. Et puis si vous le détesté vous n'êtes qu'une tête de plus parmi « ces trente millions d'ennemis » !