7/10Bazbaz (Camille) - Sur le bout de la langue

/ Critique - écrit par Filipe, le 19/01/2005
Notre verdict : 7/10 - Amoureux transi. (Fiche technique)

Comme beaucoup d'ados, Camille Bazbaz se tourne d'abord vers les hautes sphères du punk et du rock. Il s'impose au clavier du Cri de la Mouche, un groupe d'amis qu'il fonde sur un coup de tête à la fin des années 80. L'expérience est de courte durée puisque le groupe se volatilise au début des années 90. Qu'à cela ne tienne, il prend part à la tournée des Satellites, construisant son avenir musical au fil des rencontres. C'est alors qu'il se fait une raison avant l'âge : le reggae, la soul et le blues le marqueront à jamais, bien plus que ses préférences initiales. Sans surprise, ses deux premiers albums, Dubadelik et Une Envie de Chien, publiés en 1996 et 2000 sous le label Island, empruntent beaucoup à tous ces styles. La musique noire américaine est à la source de ses influences. Aujourd'hui, il lève le voile sur le contenu de son troisième opus, dont je tiens le nom Sur le Bout de la Langue.

Au-delà de ces quelques réalisations personnelles, il a composé les bandes originales des films Comme elle respire, les Marchands de sable (il y joue d'ailleurs son propre rôle) et Après vous, qui furent tous trois réalisés par Pierre Salvatori. Il a également collaboré avec Gérard Darmon, à l'occasion de l'enregistrement du tout premier album de l'acteur : un album de plus en hommage à la chanson française, paraît-il. Camille Bazbaz s'est enfin permis d'arranger les partitions de plusieurs autres artistes, parmi lesquels Scratch Massive, et a figuré pendant un temps parmi le corps instrumental d'une certaine Brigitte Fontaine.

Une barbe de deux semaines, une casquette d'ancien à carreaux, des yeux noisette qui pétillent, quelques poses nonchalantes, tête baissée, jambes croisées. L'image que Bazbaz souhaite diffuser est celle d'un amoureux transi, un homme à femmes, qui soigne son allure de façon outrancière. Dans cette optique là, sa voix de crooner n'est qu'un accessoire de plus et les paroles de ses chansons sont orientées dans ce sens : le plus souvent, elles tournent autour de l'amour et de ses nombreux états. La solitude. L'amitié. La réserve. La galanterie, le charme et la séduction, cortège de la rencontre amoureuse. La mise en rapport de sentiments, le bonheur d'être deux et les effusions qui caractérisent ce bonheur. Et puis les quelques déplaisirs inhérents à la vie en couple. Le malaise des séparations. Un malaise qui se prolonge parfois de manière outrancière, lorsque ressurgissent les souvenirs d'époques révolues...

A cela s'ajoutent les sonorités qui s'accordent le mieux à cette thématique : l'intimité du blues, la soul ensorceleuse, la chaleur du reggae. L'atmosphère lancinante, étourdissante, que suggère cet assemblage d'univers contradictoires, est propice aux balivernes sentimentalistes de cet amoureux du monde. Ses histoires de coeur nous parlent, tant elles tiennent des nôtres. Les récits de ses aventures nourrissent cette mémoire collective que nous partageons tous à chaque instant. Se distinguent parmi les onze chapitres de ce récital les titres Sur le bout de la langue, Papa Tango Charly, reprise pour le moins insolite du célèbre compositeur Mort Schuman, ainsi que Psychologie Féminine, dont l'appellation en dit long sur son contenu. Bazbaz est un artiste de plus à découvrir, qui a le mérite de se distinguer du plus grand nombre.