7/10Attal (Jérôme) - Comme elle se donne

/ Critique - écrit par juro, le 12/10/2005
Notre verdict : 7/10 - Comme il se doit (Fiche technique)

Parolier pour quelques noms connus de la chanson française (Jane Birkin, l'ignoble Florent Pagny...), Jérôme Attal passe pour la première fois derrière le micro pour nous délivrer Comme elle se donne. Une pop française lancinante teintée de monotonie et d'amertume. Des mots couchés sur le papier, une profonde envie de parler de femmes de toutes sortes pour en faire le fil rouge de l'album, un interprète qui incarne l'esprit de ces chansons dans une voix faussement fatiguées et lassée même si parfois légèrement maniérée et traînante qui rappellerait l'attitude de Nick Cave ou de toute autre dandy musical, plus souvent britanniques que français d'ailleurs. Qu'à cela ne tienne Jérôme Attal
comble ce manque et interprète exclusivement en français des titres où les noms des femmes jonglent autour de mots de rejet et d'amour.

Comme il l'annonce, le chansonnier parle des "Elles", de leurs rapports aux hommes, des fins de soirée à deux, d'amours passés, de ruptures et de reconstructions. Un rapport souvent empreint blessures, comme de souvenirs lointains rappelés un peu par à coup autour d'un fond musical, des moments perdus qui remontent à la surface. Dans l'ensemble, l'instrumentation est minimaliste laissant la seule voix d'Attal s'emparer de textes dures, poétiques ou légèrement désuets.

Le titre éponyme se dégage de la masse par ses sonorités plus rock qui s'emballe progressivement grâce à une intro batterie / basse et un gimmick assez maniéré, restant facilement en tête et somme toute efficace. Le reste de l'album tourne vers la pop au ton désabusé (Laisse-moi devenir ton homme) avec un piano qui accroît son importance au fil des titres, devenant le véritable moteur de certains morceaux (La prémonition, Demain sans importance...). L'étonnant et très noir Le monstre sous la palissade nous met dans la peau d'une jeune fille guettant un danger tout masculin assez glauque. Un duo avec la douce voix de Mélanie Laurent (Quand tu ne m'aimeras plus) passe comme une gentille balade suave et à nouveau le piano pur Le jeune homme changé en arbre tirent aussi leur épingle du jeu.

La voix maniérée ferait parfois penser à celle de Philippe Pigeard de Tanger pour qualifier cette attitude de dandy totalement britannique, amenée véritablement par Gainsbourg à la chanson française. Comme elle se doit se déguste à petit feu, chaque titre créant un nouvel univers d'émotions romantiques mais peut-être desservi par certains textes un brin trop pop. Un artiste à découvrir pour sa prestance et une voix intéressante.


Jérôme Attal - Comme elle se donne

01. Comme elle se donne
02. Laisse-moi devenir ton homme
03. Demain sans importance
04. La prémonition
05. La théorie des nuages
06. Le monstre sous la palissade
07. Quand tu ne m'aimeras plus
08. Le pays des filles qui sentent bon
09. Le jeune homme changé en arbre
10. Au plaisir
11. La chanson de Noël