Asyl - Interview

/ Interview - écrit par juro, le 19/11/2005

Tags :

Interview de Asyl

Une première partie c'est parfois comme s'offrir sur l'autel de la critique cinglante de spectateurs impatients de déguster le plat principal. A la Cigale, dans une salle comble, Asyl venait pour se montrer et nous démontrer que leur premier album prochainement disponible est bourré d'énergie brute. Après un set plutôt réussi qui reçu un bon accueil et mêmes quelques timide applaudissements, les autre membres du groupe partait dans les loges pour laisser place à Supergrass... Peu après la fin de l'affiche, nous retrouvons Asyl pour un interview express.

Bonsoir Asyl pouvez vous vous présenter ?
Antoine : Antoine, bassiste
Benjamin : Benjamin, batteur
Mathieu : Mathieu au chant
Nicolas : Nicolas à la guitare

Comment est né Asyl ? Vous pouvez nous en dire un peu plus ?
A et B : En 1995, on s'est formé au lycée, et puis on est passés à un truc plus sérieux il y a 3 ans. Et puis Mathieu est arrivé.
N : J'étais au chant et à la guitare, et je n'avais pas envie de porter le poids de chanteur leader. Mathieu jouait dans un autre groupe, on se connaissait .On s'est rapproché, et il a intégré le groupe en 1997. Depuis, on a toujours fait des trucs impulsifs. Il y a 3 ans, on a décidé de ne faire que ça. C'est plus qu'une passion, plus qu'une envie, c'est quelque chose de concret pour nous.

Comment qualifiez-vous votre musique ? Vos influences ?
A : Tout ce qu'on appelle d'une manière générale la pop rock. C'est vrai qu'on adore le punk donc forcement on mélange. On dit pas : on va faire un punk « à la machin ». Il y a des trucs qu'on affectionne plus que d'autres. C'est vrai que le punk ça veut rien dire non plus. En général c'est plutôt le punk anglais. Comme Undertones, Pistols...
M : C'est irlandais Undertones !
A : Ouais, enfin les années 80. Tout ce qui vient des îles (rires).
N : Après on est des années 90, du coup, toute la scène américaine indé, Nirvana, etc... Ca nous a boosté. Quand t'es ado, les groupes assez gras, avec Sonic Youth en tête de file, ça voulait dire quelque chose pour nous.
M : Notre musique, on sait ce qu'elle est maintenant, et on ne sait pas ce qu'elle sera sur le prochain album. On écoute des trucs différents de ce qu'on fait : Fugazi, Anthony and the Jonhsons. On veut que notre music nous plaise ! Il n'y a pas de formes, de contrat de forme.
B : On peut écouter de tout, si c'est bien... Kylie Minogue (rires).

Une démo enragée, sombre et désenchantée. Est-ce un sentiment au sein du groupe ?
A et B : On est assez joyeux !
A : Faut mieux être joyeux et faire de la musique triste que de faire de la musique joyeuse et être triste, comme tous les dépressifs qui font du ska festif !
N : Je pense que c'est aussi une façon de dégager quelque chose de soi.
M : Enfin, joyeux, les gars, je trouve que ... Enfin, je ne suis pas joyeux dans la vie, je peux être enthousiaste, mais pas joyeux. Enfin, en tout cas, en ce qui me concerne.
A : Ouais, on n'est pas des gothiques non plus, on n'est pas cliché. Enfin, on est jeunes. On préfère rire de la vie pour ne pas en pleurer.
M : Les chansons sont un exutoire, c'est une manière de l'exorciser et c'est certain que ce que j'écris, je ne l'ai pas sorti de mon genou, mais de ma tête. Donc ça veut bien dire que je ne dois pas être si joyeux que ça.
N : Après, ce n'est pas parce que tu parles de violence, de drogue ou de meurtre, que tu es forcement un assassin ou un junkie.


En français, en anglais, en allemand, ça relève du polyglottisme, pourquoi avoir choisi d'écrire en plusieurs langues ?
N : On n'a pas choisi, on a fait ça comme ça, le rock, ce n'est pas qu'en anglais.
M : J'ai commencé à écrire des chansons au lycée. Je parle français et anglais donc j'écris en français et en anglais. Après, on nous parle d'allemand, mais il n'y qu'une phrase en allemand, en plus c'est une citation, ce n'est même pas moi qui l'ai écrite. Je suis incapable d'écrire un texte entier en allemand !

A travers les titres de l'EP, vous revenez fréquemment sur le passé. Cela vous tient-il à coeur ?
N : Nous sommes nés vers la fin des années 70, époque assez glauque. On en a des souvenirs musicaux, d'ambiances, d'endroits. Le béton, le côté dur de la vie. La guerre a la télé, les famines... Quand tu es gamin, tu ressens les choses. Quand on réécoute du rock ou de la new wave, on calque aussi. Ce sont des époques qu'on a vécu sans les vivre. On sait d'où on vient, on n'est pas de jeunes des années 80, on est des bébés des années 80, on est des produits de ça en passant par les années 90.
M : Après, tu parles d'Hiroshima, mais c'est plus inspiré par Marguerite Duras. Encore une fois, est-ce que parler d'Hiroshima, c'est le passé ? Est-ce qu'on peut considérer que la bombe c'est le passé ? A l'heure actuelle, je ne pense pas. 1975 parle d'un truc qui pourrait se passer aujourd'hui, c'est l'histoire d'un bonhomme qui se retrouve « has been », un chanteur qui se retrouve passé de mode en 1975... C'est le genre de truc qui peut arriver aujourd'hui. Si on a mit une année, c'est juste pour planter le décor. C'est pareil pour 1985. Le plus pour 1985, c'était un clin d'oeil au années 80, plus inspiré par tout les glam rock (T-Rex) .
A : On ne fait pas des références au passé. 1975, les gens pensent : « Tiens année de début du punk ». C'est plus un décor.
N : C'est comme le film de Spike Lee, Summer of Sam, il plante un décor, alors que ça aurait pu se passer n'importe quand, ce que ça raconte, c'est intemporel. C'est un monde assez sombre, laid, on y est sensible, on sent ce qui se passe. On ne vit pas des jours très heureux en ce moment.
M : Qu'est-ce que c'est le bonheur ? Si on avait tout ce qu'on voulait...y'aurait plus de rock.

L'illustration de la pochette de l'EP, que représente-t-elle ?
M : L'auteur est Kim Cho Gun. C'est lui qui nous l'a proposé. Pour moi ça représente un coté belle époque, bulles de champagne et un coté étrange, glauque. Cette femme masquée, toute nue, on ne sait pas trop qui elle est.
N : C'est notre arrière grand-mère, elle est des années 40.
M : Enfin plutôt des années 20.
N : Les gens ont envie de déceler une intention de choquer. Alors que pour nous, ce n'est pas le propos. Quand on voit les publicités pour la lingerie, c'est carrément provocateur de manière érotique. Alors que là, c'est juste une femme dans ça nudité, avec son corps, ses poils, dans une pose un peu bizarre, façon comics. C'est ce qui sème un peu le trouble. On se demande ce qu'elle fout là.


Rock en Seine, ça vous a donné envie de persévérer pour avoir des grosses scènes ?
B : Ce n'est pas à nous de te dire, c'est le public qui décide de ça. On donne tout ce qu'on a, que ce soit sur une grande scène ou dans un petit bar, on en profite un max.
A : C'est une consécration après !
N : Est-ce qu'on a envie d'être des stars ?
A : Devoir jouer devant 20.000 personnes, ça doit être flatteur ! Il y a très peu de groupes rock français qui arrivent à ce niveau là. La plupart qui y arrivent sont des groupes anglo-saxons. C'est rare de voir un groupe de rock pur et dur français, à part Noir Désir.

Et à propos du site Internet ?
Tous les 4 : Heu...

Il n'est pas encore très fourni, mais j'imagine qu'il va se développer ! Et que représente l'aigle présent sur le site ?
N : C'est un oiseau, non ?
A : Je crois que c'est un symbole alchimique. C'est le graphiste qui a trouvé ça. Je trouvais ça marrant qu'il y ait deux femmes dans un aigle qui se fondent en un même corps. C'est torturé. Lui-même n'a pas réussi à nous dire ce que ça représentait .Donc c'est un truc complètement ouvert, libre interprétation ! A moins qu'il y ait un mec qui nous sorte le dictionnaire des symboles alchimiques, et qu'on découvre un truc terrible voulant dire éradication du genre humain !
N : Mais non, elles se font des bisous !

Et pour finir, vos projets à venir ?
M : On sort un album le 13 mars 2006, et un EP au mois de janvier. Et puis tournée en France.
B : Et à l'étranger aussi, on va essayer, dans les pays de l'Est.
A : On a eu l'occasion de jouer à Prague et le public est beaucoup plus frais. C'est hyper dur ici. Par ailleurs, ici, les gens on l'impression de se faire avoir en écoutant un groupe français, l'impression d'être biaisé, genre : c'est pas possible ! C'est l'impression que ça me donne.
N : Alors qu'à l'étranger, c'est nous les étrangers, c'est nous les stars ! (rires)


Petit encard sur le show de Supergrass avec deux parties distinctes : une très bonne prestation acoustique et une partie électrique juste bonne qui les a vu reprendre titres de Road to Rouen et standards de leur répertoire. Le public présent absolument conquis dès les premières notes ont pu admirer un groupe communicatif et sobre délivrant un set qui atteignait de très bons moments sans atteindre de sommets. L'aventure Supergrass a bien évolué depuis Alright... en bien !

Merci à Laurent et Charlotte d'Ephélide, à Asyl pour leur disponibilité et à Mlle E. pour son don de la photo et son sens de la lutte dans la queue du vestiaire sans quoi rien n'aurait été possible.