8/10Sólstafir, de feu et de glace

/ Critique - écrit par nazonfly, le 30/10/2020
Notre verdict : 8/10 - Énième synonyme de crépuscule (Fiche technique)

Tags : solstafir paris musique groupe metal patrimoine sorties

Vingt-cinq ans que Sólstafir existe, 25 ans d'une musique claire-obscure, 25 ans célébrés par un crépuscule sans fin.

Pour débuter cette critique, rien de tel qu’un petit jeu : qui peut me citer 10 groupes de musique originaires de Nice ? Pas facile hein. Pourtant la population de Nice est à peine moins nombreuse que celle de l’Islande (320 000 contre 340 000) et bizarrement on peut citer sans problème des dizaines de projets musicaux islandais, tous plus intéressants les uns que les autres. Dans une petite semaine sort le nouvel opus de l’un des groupes islandais les plus excitants du moment, en tout cas dans la mouvance de niche post-metal : Sólstafir dévoilera donc Endless twilight of codependent love le 6 novembre mais Krinein vous en parle dès aujourd’hui.


Duel d'yeux DR.

Naviguer d'une terre à l'autre

Comment décrire exactement la musique d’un groupe qui cite comme influences les Beatles, Kraftwerk, Darkthrone, Ennio Morricone ou encore Billy Corgan dans un joyeux bordel musical qui explose toutes les catégories ? D’autant plus qu’on aurait bien rajouté un peu d’Iron Maiden dans le tas (les dernières minutes d’Akkeri) voire un peu d’Ez3kiel période Naphtaline sur Rökkur (même s’il est plus que probable que les membres de Sólstafir n’aient jamais posé une oreille sur le groupe français). Sólstafir, en effet, navigue d’une terre à l’autre nimbant son atmosphère de longues plages de synthé embrumées laissant voguer la voix (Til moldar) ou, au contraire, dressant un formidable mur de guitares sur lequel ne peut que hurler le chanteur (Dionysus). Sólstafir ne se ferme aucune porte, ne se refuse rien allant même jusqu’à tâter du blues (Or) bien que ce soit dans le côté post-rock/post-metal (on vous laisse faire le tri) que le groupe excelle.

Passer par tous les sentiments


Perdu dans les bois DR.

Ces différentes approches musicales, ainsi que la voix multiforme de Aðalbjörn « Addi » Tryggvason permettent à Sólstafir de modeler des ambiances, de dépeindre des tableaux tous plus différents les uns que les autres. Akkeri, premier single de l’album, en est ainsi un bel exemple : sur la petite dizaine de minutes, on est enlisé par la voix désespérée et les quelques incises de guitare dans un mal-être latent, puis emporté par une envolée sauvage empreinte de liberté. Cette folle chevauchée nous laisse finalement sur le bord de la route, esseulé, oublié avant qu’un halo religieux nous élève en même temps que des notes de guitare résonnent dans l’espace infini et éternel d’une cathédrale. Le morceau se termine par une longue fuite en avant répétant inlassablement les mêmes notes qui convient un étonnant bonheur. Dix minutes éreintantes, dix minutes pendant lesquelles l’auditeur est passé par tous les sentiments, dix minutes finalement de pure musique.

Briller de sombre lumière

De la même façon, on pourrait tenter de décortiquer jusqu’à l’os Drýsill, triste histoire d’une femme enfermée dans son propre esprit par son amour mais qui parvient à vaincre ses démons et à finalement accéder à la lumière. Ou encore Her fall from grace, chanson décrite comme la plus personnelle de l’album et racontant la douleur de voir un être cher succomber à la maladie mentale. Alors, oui, on ne rigole pas beaucoup avec Endless twilight of copendent love mais, comme son nom l’indique, on est dans ce crépuscule sans fin et le crépuscule est, à la fois, le dernier moment de présence du soleil (Sólstafir signifie d’ailleurs « rayons crépusculaires ») et le premier instant de la nuit, une nuit de magie, une nuit éternelle.

La musique de Sólstafir est décrite sur leur site officiel comme le produit des blizzards de l’Arctique, du magma incandescent, des geysers éruptifs, des pâturages verdoyants et des vagues salées. Y a-t-il meilleure description de ce dernier album ?

En écoute, Drýsill

La critique en 140 caractères : Formés de sauvages envolées ou lentes complaintes, les rayons crépusculaires de Sólstafir remuent, une nouvelle fois, un auditeur comblé.

Sólstafir - Endless Twilight of Codependent Love

01. Akkeri

02. Drýsill

03. Rökkur

04. Her Fall From Grace

05. Dionysus

06. Til Moldar

07. Alda Syndanna

08. Or

09. Úlfur