Néry - Belgistan
Musique / Critique - écrit par juro, le 28/09/2006 (Tags : nery france spectacle scene musique jazz groupe
Entre la Belgique et le Kazakhstan existe le Belgistan, petit pays personnel de Néry, son président et unique représentant connu jusqu'alors. Pour composer l'hymne
national, il s'est démené pour proposer douze solutions aussi variés que recherchés musicalement. L'artiste exploite des dons d'interprétation innés autour d'ambiances passant de l'électro à l'indien (Penjambal) sans oublier le jazz ni la chanson française des plus classiques. Revisitant les genres, Néry déploie une force tranquille par sa voix apaisante.
En fait, le Belgistan représente le groupe accompagnant l'artiste dans des univers souvent apaisants et poétiques, parfois étranges. La voix masculine de l'artiste ressort limpidement de l'orchestration massive d'un Belgistan cuivré et entouré de choeurs aux saveurs féminines (Olivia Ruiz inside). Pour autant, l'orchestration est difficilement qualifiable tellement elle verse d'un pan à l'autre de la planète musique. Néry use de mots avec un débit qui retient véritablement l'attention, qu'il soit lent ou rapide. Jouant des contradictions et des genres, l'interprète se fait lointain sur des titres légers mais parvient aussi à chanter littéralement dans l'oreille pour graver des mots dans l'inconscient tel un Serge Gainsbourg version dandy soft (A tout prendre). Titre totalement libre et sans aucune limite, Néry scotche pour ne plus jamais relâcher l'attention.
-M- vient prêter un coup de main sur Petites pour un titre emballant entre jazz et chanson française de qualité. L'effet fait "mouche", le titre passe comme une lettre à la poste, tamponné et livré au bon instant. Lançant parfaitement l'album, Néry change complètement de registre pour devenir beaucoup plus sombre sur Destins croisés. Accompagné de Marie-Jo Thério, l'interprétation rappelle le Jacno des
meilleurs jours avec un chanté phrasé sans fausse note. La touche électro donne de la folie aux paroles du morceau et tout de suite, l'impression est faite. Parolier inspiré, il rend hommage à un maître, au nom de Nougaro, sur des solos de guitare et d'harmonica avant de se confondre plus que jamais dans le rôle de Jacno dans un titre purement électronique au tempo techno (Alexandre). Certains titres plus personnels sont décevants et ne restant que juste... bons (Comme des amants banals, Moltig) mais le phrasé de Néry donne réellement une différence au tout. Rimes et champs lexicaux à l'honneur, une petite ode au voyage porté par le vent de la géographie et des amours (Tarentelle déboussolée), un hommage (Homme-objet), petit jazz (Billie bouillie) et slow au goût ancien avec un synthétiseur rappelant des souvenirs du grand Serge (Ballade habituelle au quartier imaginaire).
Belgistan se révèle comme l'émergence d'un nouvel artiste pas tout à fait comme les autres, dans lequel -M- ou Olivia Ruiz ont cru. Si cela est trop facile pour croire en un label de qualité, laissez vous convaincre par les rimes de Néry, ses dons de parolier et son « petit quelque chose » qui fait la différence. Le Belgistan bénéficie d'un climat exceptionnel et se découvre en toute saison.
Néry - Belgistan
01. Petites -M-
02. Destins croisés
03. A l'enterrement de Nougaro
04. Alexandre
05. A tout prendre
06. Penjhambal
07. Comme des amants banals
08. Molitg
09. Tarentelle déboussolée
10. Homme objet
11. Billie bouillie
12. Balade habituelle au quartier imaginaire