8.5/10Flowers From the Man Who Shot Your Cousin - Hapless

/ Critique - écrit par Danorah, le 15/06/2006
Notre verdict : 8.5/10 - Say it with flowers (Fiche technique)

Tags : your you from flowers album who man

Un coup d'essai enthousiasmant, marqué par un bon goût sans faille, laissant présager d'excellentes choses pour l'avenir.

Dans la catégorie « noms de groupes à coucher dehors », Flowers from the man who shot your cousin fait très fort. Une particularité qui peut se révéler bénéfique, puisqu'elle a le mérite d'éveiller l'attention. L'homme qui se cache en réalité derrière ce pseudonyme aux consonances romantico-caverneuses s'appelle Morgan Caris, et officie à la composition, au chant, aux guitares « et autres instruments » et est même à l'origine de l'artwork de l'album. Bon. Le bonhomme est polyvalent, c'est évident.

Polyvalent, et surtout bourré de talent. Son premier album, Hapless, pourrait être sous-titré d'un pompeux « ou comment réussir à bricoler des mélodies à vous fendre le coeur à partir d'une simple guitare acoustique et de trois ou quatre accords ». Oui, comment ? Simple - du moins quand on s'appelle Morgan Caris et que l'on sait user des atouts surpuissants de sa voix angélique. Car oui, l'homme qui se cache derrière Flowers from the man who shot your cousin est doté d'un organe vocal plutôt avantageux. Douce-amère, dénuée de tout maniérisme superflu, la voix de Morgan s'écoute, se déguste, s'apprivoise, et au final vous ensorcelle. Peut-être est-ce cette justesse joliment approximative, ces légères fêlures qui retentissent de temps à autres, cette fragilité apparente qui ne parvient pas à masquer la sûreté émanant de chaque note qui semble dire « c'est moi qu'il a choisie, et pas une autre, aucune autre n'aurait mieux convenu à cet instant que moi-même ». Flowers from the man who shot your cousin rend les notes vivantes et mouvantes : les compositions leur donnent tout leur sens, sans fioritures excessives, en se basant sur des harmonies basiques, souvent minimalistes mais redoutablement efficaces.

C'est ainsi que l'on découvre de véritables trésors comme I do not love you anymore, la perle de cet album, pleine d'une ironie douceâtre et grinçante, ou encore Girls, où Morgan Caris est accompagné d'une seconde voix du plus bel effet. Si la première moitié de l'album est à proprement parler enchanteresse, dénuée du moindre temps mort, d'une intensité émotionnelle rare, il en va autrement de la seconde moitié : les titres se font alors un peu moins percutants, et le souffle qui emmenait les premières chansons semble perdre de son intensité. On notera par exemple que le titre le plus long de l'album, Mouldings, s'enfonce doucement dans une vacuité certaine (sans pour autant cesser d'être agréable), tandis que des chansons comme Saddled up ou Sweet wife peinent à captiver l'auditeur.

Hapless reste néanmoins un coup d'essai enthousiasmant, laissant présager d'excellentes choses pour l'avenir : des titres comme Crow black harm, Lay down your arms ou encore Happy things témoignent d'un bon goût sans faille. Que ce soit avec sa seule guitare ou accompagné d'un alto ou d'une flûte, Morgan Caris parvient toujours à tirer le meilleur profit des instruments qui soutiennent sa voix. Ses compositions, par leur brièveté et leur concision, vont droit au coeur, de même que les paroles, souvent pleines d'un bon sens désabusé et parfois même un peu désespéré. (L'album ne s'appelle pas Hapless pour rien...)

Malgré quelques égarements, Hapless demeure un excellent album, notamment grâce à sa durée modeste qui permet de tenir l'ennui à bonne distance. On ne saurait souhaiter à Flowers From the Man Who Shot Your Cousin qu'un peu de maturité et quelques compositions plus fouillées pour que le chef d'oeuvre soit enfin à portée de main... Ou d'oreille.


Flowers from the man who shot your cousin - Hapless
01. The branch
02. I do not love you anymore
03. Lay down your arms
04. Crow black harm
05. Girls
06. Happy things
07. River song
08. Childhood
09. Saddled up
10. Sweet wife
11. Postcard from a river
12. Mouldings
13. Running dry